« Le modèle, expliquait Eric Zemmour sur LCI mardi dernier, c’est le Japon qui refuse depuis 40 ans l’immigration [et] robotisation en pointe ». Les journalistes français pointent les difficultés démographiques nippones. Pourtant, le Japon compte en moyenne 1,42 enfant par femme, contre 1,88 du côté français, soit sensiblement le même taux après déduction de la population afro-maghrébine en France.
Du point de vue démographique, le Japon est un pays occidental. Depuis les années soixante-dix, c’est le premier pays producteur et exportateur de robots. Au-delà de l’industrie, le marché domestique et sanitaire se développe : les robots de soin à la personne, les robots communicants (comme Pepper, spécialisé dans l’accueil de la clientèle avec son écran pectoral), les robots de loisir (Aibo le « chientronique », le Partner de Toyota qui joue de la trompette…) ou encore les robots de recherche et de sauvetage, tel que MEISTeR envoyé pour décontaminer le site de Fukushima.
« Les besoins en ce qui concerne ce type d’aides domestiques vont fortement augmenter au regard du vieillissement de la population, analyse Breizh Info (24/10/2018).
Ainsi, le nombre de personnes âgées vivant seules mais aussi le nombre de couples dont les deux membres travaillent et n’ayant donc pas le temps pour ces tâches ménagères est en forte hausse. » La robotisation palie ainsi à la dissolution du lien familial, profite – en l’aggravant – l’individualisme croissant et justifie une augmentation des heures de travail, ce qui ne peut que décourager un peu plus la natalité.
La haute technologie, loin de « libérer » l’homme, l’asservit. On ne peut certainement pas ignorer l’enjeu de la robotique dans la croissance, mais comme le dit Zemmour lui-même, « il n’y a pas que l’économie dans la vie ». Si un chef d’Etat réalise nécessairement un tri délicat entre considérations éthiques et nécessités économiques, il ne peut néanmoins ignorer les conséquences anthropologiques et civilisationnelles d’un bouleversement technique.
L’électoralisme explique cette résurgence médiatique d’une dichotomie assez simpliste entre robots et immigrés, les premiers offrant une solution en kit au Grand remplacement. Comme si nous n’avions le choix qu’entre la disparition du peuple français par l’immigration-invasion ou par l’invasion des robots… La démocratie ne nous protège pas du progressisme : celui-ci est un bulldozer dans un monde où les Etats et leurs administrations sont dépassées par les performances de la technologie privée et les assauts des marchés. Si un ministre venait à comprendre le fonctionnement d’un algorithme utilisé par un trader, il serait aussitôt embauché à Wall Street.
Une réforme draconienne de l’orientation professionnelle à l’école, en dirigeant les jeunes vers les métiers de savoir-faire où la France est lacunaire (artisanat, agriculture vivrière pour acquérir la souveraineté alimentaire, industrie de luxe, médecine généraliste…), couplée à une sélection rigoureuse à l’Université, réglerait en très grande partie le problème du chômage. Mais pour ce faire, il faut planifier, et donc rétablir l’autorité politique et les frontières par une bonne dose de protectionnisme. Bref, redevenir maîtres chez nous dans tous les domaines.
Julien Langella
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