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Discours d'introduction de Victor Aubert

Dernière mise à jour : 8 nov. 2022


Discours de Victor Aubert, président d'Academia Christiana à l'ouverture du colloque Sécession ou reconquête le 5 novembre 2022 à Paris.


« Reconquête ou sécession » Pourquoi ce débat ? Il nous a semblé qu’il s’agissait là d’une question primordiale pour toute personne souhaitant s’engager.

À quoi sert de parler politique si l’on n’agit pas ? Les commentaires portant sur le déclin civilisationnel sont devenus un exercice de style presque banal. Il faut être aveugle, ou partisan du néant, pour ne pas voir ce que les faits nous révèlent : nous arrivons à la fin d’une période.


Lors de notre dernière université d’été, David Engels esquissait une lecture de l’histoire en sur un mode dialectique en trois temps (thèse, antithèse, synthèse) :

  1. La période médiévale : moment thétique. Un monde de limites, d’ordre, unifié par la religion, une vision du cosmos couronnée par la théologie.

  2. À l’âge des chevaliers et des bâtisseurs de cathédrale succède la modernité : antithèse du Moyen-Âge. Un monde tourné vers le progrès, l’émancipation individuelle et le refus de Dieu.

  3. La synthèse : Il semblerait que nous arrivions à la fin d’un cycle, que la modernité soit en passe d’atteindre son avènement : le nihilisme mène à l’absurde. La fin d’une époque s’ouvre sur une autre qui pourrait consister à réconcilier Moyen-Âge et modernité, un retour à l’ancien qui garderait les acquis du moderne.

Pour énoncer simplement les deux alternatives qui nous occupent, on pourrait dire que :

  • Reconquérir, c’est tenter d’inverser le cours des choses par le haut, reprendre le pouvoir et tenter d’empêcher cette civilisation de s’effondrer.

  • Faire sécession, c’est d’abord se retirer du monde, pour se préserver du chaos mais aussi pour construire, par la base, dès aujourd’hui, la civilisation qui succèdera à celle qui s’effondre.

Les enjeux sont immenses :


D’abord à l’échelle personnelle, le plus grand désespoir d’un homme est de s’apercevoir, au soir de sa vie, qu’il n’a rien accompli de ce pour quoi il était fait. Pour se réaliser, il faut trouver un sens dans ses engagements. A quoi bon mener un combat qui n’a aucune chance d’aboutir.


Ensuite à l’échelle collective et politique : il est impératif que nous ne nous éparpillions pas dans des combats contradictoires. Les projections démographiques sont inquiétantes pour la survie de notre peuple. Le sort de nos enfants dépend des combats que nous menons aujourd’hui.


Qu’est-ce que la reconquête ?

Reconquérir, c’est d'abord conquérir (de nouveau) ce qui fut nôtre par le passé : le pouvoir, les institutions, les médias, notre territoire. La reconquête est une reprise en main de ce que nous avons perdu. Il y a quelque chose d’honorable et de tragique dans l’histoire des contre-révolutionnaires, morts dans la défaite en restant fidèles jusqu’au bout. Nous avons une dette envers eux, ne ce serait-ce que parce qu’ils nous ont offert leur sacrifice. Il est de notre devoir de continuer à nous battre.


Et pourtant nous allons de défaites en défaites : ralliement à l’idéologie des droits de l’homme et à la République, acceptation du divorce, de l’avortement, du mariage homosexuel, et demain de la GPA.


Mais l’histoire nous enseigne que les reconquêtes se jouent sur le temps long. Il n’y a pas de grand soir sans petits matins. Il fallut huit-cents ans aux Espagnols pour mener leur reconquista.


Critiques de la sécession

N-y-a-t-il pas quelque chose d’égoïste dans la sécession ? Vouloir échapper au chaos pour se sauver tout seul revient à abandonner son peuple, à renoncer au politique et à entériner notre défaite. Comment parler à nos contemporains si nous disparaissons des médias et des réseaux sociaux ?


Les néo-ruraux croyant accomplir leur retour à la terre, ne font-ils pas que poursuivre leur égoïsme bourgeois là où ils le peuvent encore ?


La désir de sécession ne s’expliquerait-il pas par le syndrome de la citadelle assiégée ? En voulant se préserver d’un monde qui part à la dérive on risque de s’isoler dans un séparatisme dangereux pouvant déboucher sur des dérives sectaires. La société américaine regorge de ces exemples caricaturaux : du survivalisme aux Amish en passant par les sectes protestantes. La fuite prépare la disparition.


Vouloir créer sa propre société de confédérés ou son village gaulois c’est renoncer à la France et à notre histoire en laissant la porte ouverte à l’anarchie et au chaos.

Limites de la reconquête


Hélas, il est peut-être déjà trop tard. Ne doit-on pas plutôt se résigner et accepter la réalité en face. Le prise du pouvoir n’est pas à notre portée. Les règles du jeu démocratique sont contre nous. Même si des partis conservateurs arrivent aux portes du pouvoir ils sont contraints d’exercer un rôle d’opposant factice ou de renoncer à leurs ambitions face aux pressions du système.


La sécession n’est pas nécessairement synonyme de repli sur soi. Lorsqu’elle consiste à prendre son autonomie elle conduit à ne plus espérer que les solutions tombent du ciel. Ne pas attendre l’homme providentiel, ne pas réclamer servilement ses droits, cesser de se plaindre que tout va mal et prendre en main son destin. Créer nos propres écoles, nos propres circuits économiques, notre propre art, et remplacer l’Etat là où il est défaillant.


Alors sécession ou reconquête ?


Les partisans de la reconquête diront à propos de la sécession qu’il s’agit d’un abandon de notre mission et d’un constat d’échec qui conduira à la disparition progressive.


Les partisans de la sécession diront à propos de la reconquête qu’il s’agit d’une vaine agitation pour tenter de conserver un monde qui n’est plus.


Je vous propose aujourd’hui de réfléchir ensemble à l’avenir de notre peuple. Que ce colloque ne soit pas une causerie mondaine, un énième divertissement pour se donner des airs de résistant. Je souhaite qu’il soit une méditation sérieuse et profonde.


Non, l’avenir n’est pas rose, chaque semaine la guerre idéologique et multiculturelle continue de faire couler du sang et des larmes. La petite Lola et tant d’autres victimes ont payé les frais de l’inaction et de la lâcheté. En tant que chrétiens, nous n’avons plus le droit de prendre les choses à la légère. Quand on assassine des peuples et des races, notre devoir est de protéger le faible et de faire triompher la justice, le bien et la vérité.


Faisons de ce colloque le point de départ de notre engagement. Que les réflexions partagées par nos intervenants puissent nourrir les esprits et rayonner au delà de notre humble assemblée pour inviter tous ceux qui ne se rendent pas à s’engager dans des chemins qui mènent quelque part.


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