🍏 Orne, Normandie : Explorez l'Histoire, les Trésors Cachés et les Saveurs Authentiques

9 janv. 202411 min de lecture

Découvrir l’Orne

Souvent tentés de partir loin pour nous dépayser, nous oublions que notre belle France recèle en son sein de mille petits pays, tous plus variés les uns que les autres.

Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir l’Orne, l'un des cinq départements normands, à une heure et demie de Paris.

Un peu d’histoire

Peuplée depuis 150.000 ans comme en témoignent les milliers d’outils retrouvés autour de Saint-Brice-sous Rânes, l’Orne fut le siège de tribus gauloises dès 450 av. JC : les Sasiens dans la région de Sées et les Esuviens dans le bassin de l’Orne. Lorsque la Pax romana s’installe, de nombreux temples et routes reliées à Lutèce voient le jour. Les invasions saxonnes marqueront fortement la région au IVème siècle. Le diocèse de Sées qui se confond aujourd’hui avec le département de l’Orne voit le jour en 386. Si la région est plutôt épargnée par les raids vikings, elle sera néanmoins intégrée au duché de Normandie par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Hugues Capet accorde en seigneurie les terres correspondant à l’actuel département à Yves de Creil au milieu du Xeme siècle. Cette région de crêtes boisées sert de rempart contre le comte de Blois. Jusqu’à la révolution française, l’Orne sera sous l’autorité spirituelle des évêques de Sées et temporelle des seigneurs de Bellême. Le duché d’Alençon et une partie du comté du Perche seront intégrés au département en 1790. La région connut aussi sa chouannerie, conduite par M. de Frotté dont la fusillade le 18 février 1800 à Verneuil-sur-Avre mit fin aux soulèvements royalistes.

Parcours de visite :

Si vous partez en voiture de Paris, nous vous recommandons de traverser la région d’Est en Ouest en commençant par le Perche pour finir vers le Domfrontais.

Il est aussi fortement recommandé d’explorer le pays d’Auge dans le Calvados, à la frontière nord du département (nous évoquerons plus en détail cette région dans un prochain article).

L’Orne est une région très peu peuplée, où les paysages sont encore relativement préservés, malgré les avancées progressives des éoliennes et des méthaniseurs. Le département est couvert de forêts, de pâturages, et de nombreuses terres dédiées à l’élevage de chevaux. Malgré cette relative homogénéité on distingue des types d’architectures très différents entre l’habitat du Perche (pierre blanche) , celui de la Suisse Normande (maisons à colombages et toits de chaume ou en maisons briques) et celui du pays de Carrouge (pierre calcaire). Vous pourrez varier les plaisirs, entre ballades en forêt, chasse, exploration des petits PMU, visites de villages et dégustations gastronomiques.

Les villes et villages :

Bellême :

Ville seigneuriale, malgré sa petite taille, elle conserve une architecture prestigieuse et quelques bonnes tables. Nichée sur une colline, la ville est entourée de l’immense forêt de bellême qui regorge de chênes et d’hêtres. Il fait bon d’y arpenter les petites rues qui ont gardé tout le charme d’une vieille ville. Vous ne manquerez pas de visiter l’église Saint-Sauveur qui regorge de trésors. Vous pourrez également visiter les jardins de Montperthuis. Nous vous recommandons le restaurant « La Verticale »

Mortagne-au-Perche :

C’est la ville favorite des bobos parisiens. Il est impressionnant qu’une si petite cité contienne autant de commerces raffinés : antiquaires, glaciers (dont l’un primé parmi les meilleurs mondiaux), charcutiers (il faut absolument goûter le boudin noir de Mortagne), traiteurs… Mortagne-au-Perche est une ville magnifique. Il faut sillonner les rues et visiter le cloître du couvent Saint-François et la très belle église Notre-Dame qui est desservie par la communauté Saint Martin. Vous pourrez déjeuner au « Tribunal » ou grignoter quelque chose à « La vie en rouge ». C’est aussi à Mortagne que sont les manufactures Trudon qui fabriquent ces fameuses bougies aux senteurs incomparables (malheureusement on ne peut visiter que le magasin d’usine qui n’a pas grand charme).

Montligeon :

C’est une basilique construite au milieu de la nature. Dédié aux âmes du purgatoire et confié à la Communauté Saint-Martin, vous pourrez vous arrêter prier pour nos défunts et découvrir l’histoire fabuleuse de ce sanctuaire. Il existe plusieurs circuits de randonnées autour de la basilique.

Le Perche :

Vous prendrez soin de vous promener dans la campagne percheronne, admirer les chevaux de traits et le charme des petites longères. Vous ne manquerez pas de vous recueillir à la Trappe de Soligny (ancienne maison mère de l’ordre cistercien)

Alençon :

Ancienne ville bourgeoise qui a connu un grand prestige dans les siècles passés. Malheureusement Alençon est aujourd’hui une ville un peu morne, entourée de barres d’immeubles et de logements sociaux. Il faut néanmoins visiter Alençon. C’est aussi la ville des époux Martin (les parents de Ste Thérèse de Lisieux). Le centre historique est magnifique, la ville regorge d’hôtels particuliers somptueux et de petites ruelles pavées. Vous devez impérativement visiter le musée des beaux-arts et de la dentelle qui renferme quelques chef-d’œuvres de la peinture française, des pièces de dentelles époustouflantes et un département sur le Cambodge qui ravira les amoureux de l’Asie du Sud Est. À Alençon il faut aussi visiter le château des ducs et la basilique Notre Dame. Il existe d’autres églises qui sont malheureusement rarement ouvertes. Nous vous recommandons d’aller déjeuner au « Petit Vatel ».

Sées :

En plus d’être la « nouvelle terre promise des catholiques intégristes » selon le journal l’Humanité. Sées est une petite ville qui contient un nombre impressionnant de clochers (plus d’une vingtaine de chapelles ou d’églises). C’est la ville religieuse par excellence. Vous commencerez par visiter la somptueuse cathédrale dans un style gothique normand (construite sur les ruines du temple romain) magnifiquement restaurée au XIXème siècle, puis le Palais d’Argentré et ses jardins, la basilique de l’immaculée conception (première basilique consacrée à l’immaculée conception en Europe), la porte d’Argentan, la chapelle Saint-Joseph, les jardins familiaux, les anciennes halles, la motte castrale, l’ancienne église St Pierre, l’hôtel Dieu, l’abbaye Saint-Martin et le musée d’art religieux. Vous pourrez aller à la messe à l’Institut Croix-des-Vents, dirigé par la Fraternité Saint-Pierre et découvrir le plus grand cloître d’Europe. Vous pourrez vous attabler au Dauphin, ou encore au Normandy pour son cadre. Si vous avez une petite faim, n'hésitez pas à passer à la crêperie Chez David, ou au El Emports (pizzeria - rôtisserie). La boucherie Collet est particulièrement réputée pour son excellent boudin noir.

Cleray :

Rendez-vous à la chapelle de Saint Latuin à Bellefonds, c’est à cet endroit précis que le premier évêque de Sées s’est réfugié en tant qu’ermite. Il y a là une petite source miraculeuse par laquelle, avec l’intercession du saint, vous pourrez guérir des maladies de peau. La tradition veut qu’on dépose sur la grille le linge mouillé avec lequel on aura auparavant trempé sa peau malade. Ce lieu sacré est très simple mais il conserve une énergie surnaturelle qui plane tout autour de la petite chapelle.

Essay :

Autrefois Essay était plus importante que Sées, et ses habitants appellent encore la capitale épiscopale le bourg. Si la ville des Esuviens reste un petit village, vous jugerez à arpenter ses rues qu’il reste quelques vestiges de sa gloire passée dans son architecture. La ville est particulièrement réputée pour son boudin blanc.

Le Haras du Pin :

Haras royal fondé au XVIIIème siècle, on peut visiter le musée et se balader dans les écuries ou assister à des spectacles équestres. Régulièrement des courses sont organisées sur l'hippodrome situé un peu plus loin, on y retrouve une ambiance familiale et insouciante qui a quasiment disparue en France.

Argentan :

Fortifiée à partir du XIIème siècle, sous l’impulsion d’Henri 1er Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant, il reste encore aujourd’hui à Argentan des vestiges de son passé chargé d’histoire.

Nous vous recommandons de visiter l’église Saint-Germain, les restes du château des ducs, l’église Saint-Martin, et d’aller découvrir l’abbaye bénédictine Notre-Dame d’Argentan dont les moniales sont très édifiantes. Nous vous recommandons l’Hostellerie de la Renaissance, La table de Fernand ou l’excellent traiteur italien Le Comptoir de Maria.

Falaise :

Vous devez absolument visiter le château de Guillaume le Conquérant à Falaise. Situé sur un éperon rocheux entre les vallées de l'Ante et du Marescot, autrefois entouré de marécages, ce château fort du Xème siècle a été transformé en un musée qui permet de retracer l’histoire normande. Le lieu est assez austère mais la scénographie du château permet de se replonger aisément dans l’histoire.

Le Sap :

Il s’agit d’un petit village typique du pays d’Auge avec ses magnifiques chaumières normandes. Vous pourrez visiter l’Ecomusée « de la pomme au Calvados » qui retrace à la fois la fabrication traditionnelle du cidre et du Calvados grâce à une collection de quelques centaines d’objets.

Vimoutiers :

Le village n’a pas un intérêt touristique exceptionnel - en dehors du musée du camembert - mais il peut être le point de départ pour de nombreuses excursions, randonnées et balades à vélo.

Voici un exemple de trajet de randonnée : https://www.cirkwi.com/fr/circuit/483399-velo-et-fromages-de-camembert-a-livarot

Escapade dans le pays d’Auge :

On sort du département de l’Orne pour découvrir une région limitrophe qui mérite vraiment le détour tellement ses paysages sont fascinants. On pourrait se croire dans la Comté des hobbits de Tolkien.

Nous vous recommandons le circuit suivant pour découvrir de magnifiques villages :

Beaumont-en-Auge, Pierrefitte-en-Auge avec sa magnifique église et son excellent restaurant l’Auberge de deux Tonneaux, Blangy-le-Château, Cormeilles.

La départementale D16 vous conduit tout droit sur Léaupartie, petite bourgade paisible qui respire le Pays d’Auge. Et tout près, ne manquez pas l’église de Montreuil-en-Auge, posée au milieu des vergers. Vous vous dirigez ensuite vers Beuvron-en-Auge, qui n’est guère plus qu’une place de village. Mais quelle place ! De jolies maisons à colombages qui se succèdent, un restaurant étoilé dans les anciennes halles, et le superbe « Vieux Manoir » juste à côté. Vous prendrez soin d’admirer le panorama de la chapelle de Clermont. Les petites mairies du Pays d’Auge sont tout aussi pittoresques. Celle de Saint-Laurent-du-Mont, par exemple, est un carré de 6 mètres de côté !

Près de Cambremer, le Manoir du Bais est un monument insolite à ne pas manquer pour son splendide pigeonnier à pans de bois ! Il faut emprunter la route de Montreuil-en-Auge pour avoir une vue plongeante sur le site. Autre manoir immanquable : celui de Coupesarte, 20 kilomètres plus bas. À voir aussi tout près : le superbe château de Canon, et Lessard-et-le-Chêne, cette commune qui compte plus de chevaux que d’habitants ! Dernière étape de notre parcours, le sud du Pays d’Auge, avec ses incontournables producteurs de fromages de Normandie et ses étonnants châteaux : Saint-Germain-de-Livet et Fervaques.

Si vous êtes un amateur de Calvados, nous vous recommandons la visite du Château du Breuil.

Camembert :

C’est le fameux village qui a donné son nom au fromage inventé en 1791 par Marie Harel, sur les conseils avisés d’un prêtre réfractaire originaire de Brie. Le musée du camembert est un peu un attrape touriste, mais il y a de magnifiques ballades à faire dans la campagne environnante.

La Roche d'Oëtre :

Magnifique massif rocheux duquel vous pourrez partir faire des randonnées pédestres exceptionnelles.

Carrouges :

Petit village situé au cœur plus à l’Ouest du département. Son architecture tranche avec celle du Pays d’Auge. La plupart des maisons sont construites dans un granit presque noir. Vous devez absolument visiter le château de Carrouges, construit sur plusieurs époques.

Saint Céneri le Gérei :

Un des plus beaux villages de France à visiter absolument. Il faut visiter la grande église ornée de magnifiques fresques et la petite chapelle contenant une statue de Saint Cénéri à laquelle une tradition reste attachée : les jeunes filles souhaitant se marier sont invitées à piquer une aiguille dans la robe du saint ; si l’aiguille reste plantée dans la pierre, leur vœu sera exhaussé dans l’année.

Le village tient son nom à un ermite d’origine italienne, né vers 620 à Spolète dans une famille noble, et qui décide de franchir les Alpes en compagnie de son frère. Il arrête son périple en découvrant le magnifique paysage escarpé des Alpes Mancelles. Alors qu'il est assoiffé, sa prière fait jaillir miraculeusement une source ! Céneri se retire seul à l’endroit où le futur village portera son nom. Il finit par accepter quelques disciples et construit une église en bois nommée Saint-Martin-du-Mont-Rocheux.

Au IXème siècle, le Roi de France souhaitant protéger la région contre les Normands occupe avec une armée importante une place forte proche de l’abbaye de Saint-Céneri. Des soldats français se livrent à des excès autour de l’église qui abrite le tombeau de saint Céneri. Ils sont assaillis par un essaim d’abeilles. Pour leur échapper, les soldats se jettent dans la rivière du haut des rochers et se noient. Aujourd’hui encore un nid d’abeilles veille sur l’église.

Un an après le « oracle des abeilles » alors qu’on célèbre l’anniversaire de la mort du saint, deux chevaliers attachent leurs chevaux à la porte de l’église. Piqués par les abeilles, les chevaux rompent leurs liens et se précipitent dans le vide.

Le plus beau village de France : Saint Cénéri Le Gerei

Bagnoles de l’Orne

Bagnoles et la ville thermale du département. Ses sources sont réputées depuis la plus haute antiquité. Aujourd’hui elle jouit du charme désuet des villes thermales du XIXème siècle.

Si vous visitez Bagnoles, prenez le temps de vous rendre au sanctuaire de Saint Ortaire. Il s’agit d’un lieu déjà sacré à l’époque gauloise et qui deviendra l’ermitage d’un grand saint guérisseur Ortaire. Dans le prieuré où vivent toujours quelques religieux vous visiterez la magnifique petite chapelle du 18ème siècle dédiée à Saint Ortaire et Sainte Radegonde. Vous pourrez y admirer de magnifiques épis de blé tressés offerts en ex-voto à Sainte Radegonde, patronne des francs. En sortant de la chapelle vous explorerez les bois avoisinants en prenant soin de ne pas renverser les monticules de pierre qui sont dressés au sol ou dans les arbres, car sinon vous hériterez du mal dont souffrait celui qui l’a édifié. En effet, saint Ortaire guérit des maux d’articulation, la tradition veut qu’on dépose sur les arbres entourant le sanctuaire une pierre à hauteur du mal ou de la douleur à guérir. Le volume de la pierre est en rapport avec la gravité de la maladie. Lorsque le caillou tombe d’une façon naturelle, le malade est guéri.

Chapelle dédiée à Sainte Radegonde dans le petit sanctuaire de Saint Ortaire

Le Passais et le Domfrontais :

Domfront

Cité normande depuis sa conquête en 1049 par Guillaume le Conquérant, Domfront se situe aux confins de la Normandie, du Bocage et de la région du Passais, passage vers la Bretagne voisine. Une ville au cœur de l’histoire anglo-normande avec Henri 1er Beauclerc qui en fit une possession personnelle mais aussi, Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre séjournèrent dans cette place forte qui marquait la frontière du duché de Normandie. Le tout premier château de Domfront, en bois, fut construit vers 1010-1020 par Guillaume 1er, seigneur de Bellême, lequel fonda également l’abbaye de Lonlay toute proche. Vous pourrez visiter les ruines du château.

L’église Notre-Dame-sur-l’Eau

L’église Notre Dame sur l’Eau est un autre témoin majeur du rôle majeur de Domfront lors du Moyen Age. Construite aux XIème et XIIème siècles, cette église est un véritable joyau de l’art roman normand, qui en son chœur a reçu des hôtes célèbres comme saint Louis et Louis XI en pèlerinage vers le Mont Saint Michel.

Flers

C’est la deuxième ville du département avec 15.000 habitants. Malheureusement elle a été rasée à 80% lors des bombardements de la seconde guerre mondiale. La ville mérite néanmoins le détour pour son château édifié entre le XVI et XVIIIème siècle, devenu aujourd’hui un musée des beaux-arts qui contient de très beaux tableaux.