Dans notre monde bien mal en point, on a vite fait de perdre le sens de la vérité politique et d’accepter, au moins pratiquement, les principes erronés qui régissent actuellement la vie politique de notre pays.
L’attitude nécessaire du militant dans une telle situation est la résistance mais cette résistance politique exige la connaissance des principes de la politique. Saint Thomas d’Aquin est le docteur commun de l’Église et son enseignement en matière politique demeure un moyen puissant de connaître et de conserver le sens de la vérité politique. Nous allons essayer d’exposer rapidement l’importance de la distinction de l’action politique et de la philosophie, pour mieux les harmoniser.
Il faut d’abord distinguer la science politique au sens strict, qui est une science pratique, de la philosophie politique qui énonce les principes de la science politique. L’idéalisme philosophique a confondu ces deux sciences et a totalement flingué la compréhension de la question politique dans son ensemble.
La science politique doit être possédée par le chef de la cité. Le philosophe, lui, en énonce les principes.
Cela ne veut pas dire, comme Platon a pu l’écrire, que le philosophe est le chef de la cité. Mais c’est reconnaître la véritable nature de la politique qui est à la fois l’art de gouverner les hommes, c’est à dire de les conduire vers le bien commun politique, et la connaissance de la nature politique de l’homme et du bien commun politique. Pour conduire l’homme vers le bien commun politique il faut connaître ce bien.
Et comme il est rare d’avoir un chef philosophe, les deux ont leur rôle à jouer.
Nous prenons ici le parti pris du réalisme philosophique, c’est à dire la capacité, pour l’homme, de connaitre l’essence des choses, ce qu’elles sont. Nous nous opposons alors au Kantisme, qui n’admet que des phénomènes, et qui pense que la réalité est inaccessible. Le réalisme, dont nous ne démontrerons pas la pertinence, permet de bien hiérarchiser les sciences, ce qui est important ici. Prenons l’exemple d’une autre science pratique, un art, la poésie. Un professeur de français peut en parler longuement (trop longuement souvent), il connait les théories de la poétique. Le poète n’a peut-être pas tout étudié mais sait jouer avec, et quand il y déroge, sa poésie tombe à plat. C’est pareil en politique. Le philosophe va donner les règles, en se basant sur le réel, donner les buts de la cité, le bien commun, et le chef va mettre en œuvre son pouvoir pour y tendre. Le philosophe idéaliste, lui va nier le réel. Il ne reste alors que le volontarisme, le bon plaisir, la dictature. Aucune question, aucun « pourquoi » n’a plus de réponse légitime.
Ainsi, Le chef qui gouverne les hommes ne définit pas le bien commun politique, mais le reçoit du philosophe. Cette distinction est importante car elle seule exprime à la fois l’aspect spéculatif et l’aspect pratique de la science politique et établit la subordination de la science politique comme science pratique à la philosophie politique qui lui donne son principe, c’est-à-dire son but.
Mais le philosophe, comme membre de la cité, est lui-même subordonné au chef. C’est ce que le philosophisme n’admet pas, qui a voulu faire du philosophe la tête de la société politique. C’est le cas de nos braves penseurs de BFM qui, déjà, ne sont pas de grands philosophes, mais surtout pensent qu’avec de belles phrases ils sont supérieurs aux hommes politiques. Or il ne peut y avoir de vie humaine sans cité, ni de cité sans tête, mais il ne peut pas non plus y avoir une cité sans but. L’homme, animal social et politique, se rassemble ne serait-ce que pour survivre. Et animal rationnel, il ordonne les moyens de sa survivance, sous la direction d’un chef, guidé par la réflexion d’un philosophe.
Ainsi, à l’école d’Aristote et de saint Thomas, il est important de bien dissocier les rôles pour mieux harmoniser la vie de la cité. La réflexion pure et déconnectée n’a aucune utilité en politique, mais l’action sans principes et sans fondements intellectuels n’est que la base d’une dictature, d’un activisme stérile, qui n’a pas de but.
Quelques pistes de réflexion sur le politique et la société post-moderne :
Bernard Wicht, Citoyen soldat 2.0, Paris, Astrée, 2017.
Comité Invisible, L’Insurrection qui vient, Paris, La Fabrique, 2007.
Théodore Kaczynski, La Société industrielle et son avenir, Paris, L'Encyclopédie des Nui-sances, 1998.
Carl Schmitt, La Notion de politique suivie de Théorie du partisan, Paris, Flammarion, 1992. ou Julien Freund, L’Essence du politique, Paris, Dalloz, 2003.
Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, Paris, Climats, 2006.
Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, Paris, Calmann-Lévy, 1983.
Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Paris, Marcel Rivière et Cie, 1908.
Chronique entendue un jour sur les ondes de Radio Virus : https://www.youtube.com/channel/UCltQ_dgR8-G8_mTlWE8QSKA
Fréquence Soleil Vert
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