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Comment on détruit une civilisation avec des gestes barrières



Dans Les langages de l’amour, lecture recommandée dans les bonnes préparations au mariage, Gary Chapman écrit :

« Tout ce que je suis réside dans mon corps. Toucher mon corps, c’est me toucher dans tout mon être. Fuir mon corps, c’est s’éloigner de moi sur le plan des émotions. Dans notre société, la poignée de main exprime l’ouverture et le lien social avec autrui. Lorsqu’un homme refuse de serrer la main à un autre, il lui fait comprendre qu’il y a un obstacle dans leur relation. Dans toutes les cultures, les individus ont trouvé une forme de contact physique pour se saluer. »


La société occidentale du troisième millénaire aura donc été la première à condamner la salutation physique présente dans toutes les cultures depuis l’aube des temps. Ce bouleversement n’a pas été suffisamment analysé. Plus grave que l’incompétence du gouvernement dans la supposée « crise sanitaire » et la fermeture des restaurants à 23 heures : la destruction des rapports humains.


La perpétuation des « gestes barrières » revient à nier les règles les plus élémentaires de la courtoisie. Pour justifier une telle politique, il faut plus que des arguments seulement logistiques, comme ménager les forces du personnel soignant et protéger l’hôpital de l’engorgement. Il s’agit de proposer une morale nouvelle fondée sur une totale inversion des valeurs : la dissimulation du visage est désormais présentée comme une forme de respect alors qu’elle constitue naturellement une forme de défiance et de rejet.


Comment certains catholiques peuvent-ils apporter leur caution à ce relativisme moral et à cette artificialisation des relations humaines tout en s’élevant contre les savants fous qui prétendent redéfinir la nature humaine ? Comment ces chrétiens peuvent-ils rejeter la mainmise de la technoscience sur la procréation et s’agenouiller devant le remodelage de la vie collective par l’Etat ? Ne voient-ils pas leur incohérence ? Par « anthropologie », entendent-ils seulement le corps humain et non le corps social ? Alors, ils sont devenus matérialistes et individualistes.


En acceptant de nouer des relations (à l’école, en paroisse…) sans révéler leur visage ni connaître celui de leur interlocuteur, ils ont accepté de réduire l’Autre à un simple rouage dans la mécanique sociale, puisque le dialogue n’est plus un échange avec sa part de gratuité relationnelle, vécu en vérité, mais le simple moyen de satisfaire un objectif prédéfini.


Plus que le sel, ces chrétiens sont le miel de la terre. Un miel pourri. Ils ne savent même plus qu’il existe des lois « injustes » (saints Augustin et Thomas d’Aquin) que « le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre [car] contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile » (Catéchisme de l’Eglise, §2242).


Voilà comment on détruit une civilisation : en stérilisant les consciences de ceux-là mêmes qui doivent porter la lumière au monde. Soljenitsyne disait qu’il y avait deux moyens de résister : l’opposition franche et déclarée, et le refus de collaborer. Il y a toujours une forme de résistance à notre portée. Résistons.


Julien Langella



Retrouvez tous les samedis, dans le Quotidien Présent, les réflexions inspirées par l’actualité à Julien Langella, cofondateur de Génération identitaire et membre d’Academia Christiana.


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