Des mots tels que « décroissance », « protection de l'environnement », « production locale » ou « antiproductivisme » possèdent une forte charge politique et sont depuis de nombreuses années chasse gardée d'une certaine gauche, marxiste et altermondialisme. La défense de l’environnement, donc de la Création, est pourtant un devoir pour le catholique, et ce bien avant la publication de l'encyclique Laudato Si. Sébastien de Kerrero s'est employé a nous rappeler cette vérité fondamentale, sans minimiser les risques intellectuels que représente un tel engagement.
La quête effrénée de croissance, élevée au rang de religion, oublie une réalité toute simple et évidente : la Terre dispose de ressources limitées et donc l'activité économique ne peut pas croître éternellement de façon exponentielle. S'engager pour sa défense revient à défendre notre avenir, notre santé et notre dignité en tant qu’être humain. En effet l'épuisement des ressources, l'affaiblissement de l'homme, la perte de fertilité ouvre la porte aux délires transhumanismes, dont seule une minorité friquée et immorale pourra bénéficier. Si nous attendons que les utérus artificiels deviennent le moyens le plus fiables pour avoir des enfants, nous attendons la fin de la guerre pour combattre. Nous n'avons pas le droit de déplorer des effets dont on a refusé de combattre les causes lorsqu'il était encore temps. De nombreux catholiques n'ont pas attendu la catastrophe qui se déploie actuellement sous nos yeux pour réagir. Dés les années 1910, Tolkien condamnait la destruction de la nature par l'industrialisation. « C'est un esprit de rouages et de métal », ainsi décrivait-il le destructeur de la Comté, le magicien Saroumane, dans son fabuleux Seigneur des Anneaux.
Néanmoins, il convient de ne pas oublier qu'un grand nombre d’apôtres de la décroissance, guidés par le seul objectif de préserver la nature, font de cette préservation une fin en soi, qui justifierait toutes les exactions. La nature n'est pas un dieu au quel il faudrait tout sacrifier. L'exemple le plus probant est Malthus, au nom de qui les mondialistes de tout poil prétendent justifier les stérilisations de masse pratiquées en Inde et dans d'autres pays. Sans parler des avortements, fortement encouragés, et qui deviennent ainsi des actes éco-responsables. Nous nous devons aussi de prendre garde aux philosophies New Age, qui bien souvent imprègnent ces mouvements. Dans la même veine, gardons nous de tout catastrophisme, ou millénarisme, et sachons garder, malgré les difficultés, l'espérance chrétienne : « Je suis avec vous jusqu'à la fin des temps », nous rappelle le Christ. Une autre tentation pourrait être une sorte de dictature d'experts, où l'on imposerait des décisions, pour le plus grand bien de tous, évidemment... La solution ne peut viendra pas seulement d'une réponse globale, mais de l'effort de chacun, dans son espace de vie. « Not in my backyard » (pas dans mon jardin), disent les anglo-saxons.
Sébastien de Kerrero nous a offert des pistes de réflexion en vue d'une action efficace. Protégeons nos foyers, débarrassons nous des produits toxiques qui présentent des risques pour la santé de nos familles. Prenons des engagement clairs et tenables, dans la limite de nos possibilités matérielles.
Pour militer, rapprochons nous de structures efficaces déjà existantes. Trouvons des combats à mener, de préférence locaux, afin de favoriser l'enracinement des îlots de résistances que nous formerons. Il est temps que les catholiques créent leur propre ZAD, où se cristalliseront les oppositions et où l'attention des médias se concentrera, favorisant ainsi l'exposition de nos idées et de nos combats.
Comme une action qui ne s'appuierait pas sur une réflexion ne serait que pure agitation, voici une liste, non exhaustive, d'auteurs à étudier pour ceux qui voudraient approfondir le sujet : Ivan Illitch (Libérer l'avenir, Némésis médical), Nicolas Georgescu, Bernanos (La France contre les robots), Jacques Ellul, Bernard Charbonneau (Les jardins de Babylone), les situationnistes, les populistes américains, l'ouvrage TOXIC, etc.
Toutes ces actions et ces réflexions contribuent à bâtir une arche franco-catholique, selon le mot de Maurras, qui un jour, peut-être, sera le canot de sauvetage de l’humanité.